Son regard se perdit au loin.
Encore une journée qui ne valait pas la peine d’être
vécue.
Encore une journée vaine, passée à ne rien faire.
Encore une journée qui n’apporterait aucun changement
dans sa vie.
Encore une journée…
Elle baissa le regard, vit ses mains. Elle les contempla,
tenta de lire les lignes qui y étaient tracées, tel qu’on le lui avait appris
il y a longtemps.
La ligne de vie…
Sa vie avait été –et était toujours- insipide et inutile.
Elle n’avait que des mauvais souvenirs, des souvenirs misérables de son
enfance. Elle était déjà pratiquement une vieille dame, pourtant ses souvenirs
n’en étaient pas devenus meilleurs.
Mais elle n’en avait que faire, rien n’avait d’importance
à ses yeux. Elle vivait sa vie comme si celle-ci ne lui appartenait pas, comme
si sa vie lui était étrangère, comme s’il s’agissait de celle d’une autre
personne.
Tout le monde vivait-il de la même manière ?
Pourquoi les autres riaient et pleuraient-ils ? Pourquoi n’étaient-ils pas
tous comme elle, dépourvue de sentiments ?
Un souvenir qu’elle pensait perdu remonta brusquement à
la surface; elle se souvint. Elle se rappela du sourire de sa mère. De ses
câlins. Elle se rappela de ce que l’on ressent lorsque l’on est aimé.
Et son cœur cessa de battre. Il s’arrêta tandis que la
seule larme qu’elle ne versa jamais glissait sur sa joue.
Mais elle ne pouvait plus la voir.
Jamais elle ne verrait son unique larme. La preuve
qu’elle avait des sentiments. Qu’elle était humaine.
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