Friday, October 17, 2014

Encore

Onze heures moins dix.

Pendant longtemps, ses yeux fixèrent l’horloge. Comme si elle avait du mal à se rendre compte de qui elle était, et d’où elle se trouvait.
Lentement, elle s’assit sur le lit, les yeux à moitié ouverts. Elle était incapable de les ouvrir complètement, à cause de leur léger gonflement matinal.
Elle bailla une fois. Puis une deuxième fois. Elle s’étira et promena sa main gauche dans ses cheveux. Enfin, elle se frotta légèrement les yeux.

Qu’allait-elle pouvoir faire maintenant ?
Elle se posait la même question chaque matin. Cela faisait des années, des décennies qu’elle s’ennuyait.
Elle avait déjà essayé tout ce qui était possible pour essayer de se distraire, de tromper l’ennui qui semblait s’être installé dans tout son être, et qui se renforçait au fil du temps.  
Chaque jour il lui était plus difficile de bouger, de sortir de chez elle, de faire des choses.
La télévision ne la divertissait plus, elle avait lu tout ce qui pouvait être lu et elle était bien incapable de bricoler quoi que ce soit avec ses mains.
Toute la journée, elle restait assise sur le fauteuil dans le coin du salon. Sans savoir quoi faire.

Elle était consciente que personne n’irait la voir, elle était seule. Sans famille, sans amis.

Elle lança un regard à son horloge.
Onze heures moins dix.

Tout à coup elle se rappela d’une phrase qu’elle avait lu étant jeune, et qu’elle avait trouvé absurde à l’époque.

« Le temps ne passe pas pour les vieux. C’est comme s’il s’était arrêté. »

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